À jamais privé de réponse (vinyle)

18,00 €

Dans « Paupière », il y a « peau » et « pierre », la sensibilité et la dureté. C’est cette singulière alliance que le jeune trio montréalais, composé de Julia Daigle, Eliane Préfontaine et Pierre-Luc Begin, développe sur leur passionnant premier album À jamais privé de réponses, après un EP sorti en 2015.

Chantées à trois voix, ces douze chansons de pop synthétique contiennent ce même genre de césures, multipliant ainsi les possibilités d’interprétation. Ce sous-texte au cœur du texte, qui décompose chaque phrase comme un entomologiste dissèquerait le papillon de la réalité nous fait tout entendre « d’une autre manière » comme ils le chantent sur le titre d’ouverture. Ainsi l’injonction meurtrière « Lâche la détente / Et la balle va loin / Tire au hasard /Ta cible est floue », évoque aussi bien Taxi Girl (Aussi belle qu’une balle) que leur camarade de label, Fishbach, et ses tirs au hasard (Mortel).

Ces petits exercices polysémiques et poétiques, probablement en raison de leurs origines québécoises, font tout le sel et l’originalité des paroles du trio. Sur Rex - premier single et carton radio au Canada - la langueur du chant en français alliée à des rythmes digitaux fait merveille, créant un genre sans équivalent chez nous. La sensualité souterraine de Paupière et le triangle glamour et flamboyant qu’ils forment sur scène les rapprochent ainsi d’autres montréalais mariant ambiguïté queer et dance-music, comme Marie Davidson, Jef Barbara ou Peter Peter.

Car dans « Paupière », il y a aussi le mot « Pop ». Leur écriture à fleur de peau se met au service de la mélodie : la mélodie et sa répétition, la mélodie et sa remémoration. Les chansons de Paupière sont remplies de ces petites ritournelles acidulées qui tournent et s’ancrent dans les mémoires. Mêlant synth-pop anglaise et chanson francophone, Paupière est aussi un groupe « néoromantique », mais alors vraiment « néo », c’est-à-dire updaté 2017. Si on entend des échos de Human League, Deux ou Depeche Mode, les trois voix entrelacées chantent moins l’hédonisme des années 80 qu’un certain désenchantement contemporain. On n’est pas loin des films de leur compatriote Xavier Dolan, avec qui ils partagent cette vision d’une communauté de destins entre ultra romantisme et désespoir.

Dépassé et magnifié dans une danse hypnotique, ce spleen moderne les fait tendre vers un idéal romantique, que perturbent la modernité et le délitement des amours et des amitiés. Ils peuvent ainsi crûment évoquer les rencontres éphémères sur Tinder (Les Fleurs), ou observer avec détachement leur génération se consumer dans la nuit sur la poignante ballade Brûler bruyamment : « Laisse-les lentement / Brûler bruyamment / Reste là gentiment / Attends patiemment ».

Ainsi, Paupière semble invoquer dans leur alchimie musicale et amoureuse une libération, un changement de paradigme. « Aux travers de mes paupières / Je perçois l’univers / D’une autre manière ». Baisser les paupières, dans la danse ou dans l’écoute, c’est ainsi laisser le monde suivre sa course, le laisser être. Et cela pourrait être un mot d’ordre générationnel : fermez les yeux, on voit bien mieux.

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Dans « Paupière », il y a « peau » et « pierre », la sensibilité et la dureté. C’est cette singulière alliance que le jeune trio montréalais, composé de Julia Daigle, Eliane Préfontaine et Pierre-Luc Begin, développe sur leur passionnant premier album À jamais privé de réponses, après un EP sorti en 2015.

Chantées à trois voix, ces douze chansons de pop synthétique contiennent ce même genre de césures, multipliant ainsi les possibilités d’interprétation. Ce sous-texte au cœur du texte, qui décompose chaque phrase comme un entomologiste dissèquerait le papillon de la réalité nous fait tout entendre « d’une autre manière » comme ils le chantent sur le titre d’ouverture. Ainsi l’injonction meurtrière « Lâche la détente / Et la balle va loin / Tire au hasard /Ta cible est floue », évoque aussi bien Taxi Girl (Aussi belle qu’une balle) que leur camarade de label, Fishbach, et ses tirs au hasard (Mortel).

Ces petits exercices polysémiques et poétiques, probablement en raison de leurs origines québécoises, font tout le sel et l’originalité des paroles du trio. Sur Rex - premier single et carton radio au Canada - la langueur du chant en français alliée à des rythmes digitaux fait merveille, créant un genre sans équivalent chez nous. La sensualité souterraine de Paupière et le triangle glamour et flamboyant qu’ils forment sur scène les rapprochent ainsi d’autres montréalais mariant ambiguïté queer et dance-music, comme Marie Davidson, Jef Barbara ou Peter Peter.

Car dans « Paupière », il y a aussi le mot « Pop ». Leur écriture à fleur de peau se met au service de la mélodie : la mélodie et sa répétition, la mélodie et sa remémoration. Les chansons de Paupière sont remplies de ces petites ritournelles acidulées qui tournent et s’ancrent dans les mémoires. Mêlant synth-pop anglaise et chanson francophone, Paupière est aussi un groupe « néoromantique », mais alors vraiment « néo », c’est-à-dire updaté 2017. Si on entend des échos de Human League, Deux ou Depeche Mode, les trois voix entrelacées chantent moins l’hédonisme des années 80 qu’un certain désenchantement contemporain. On n’est pas loin des films de leur compatriote Xavier Dolan, avec qui ils partagent cette vision d’une communauté de destins entre ultra romantisme et désespoir.

Dépassé et magnifié dans une danse hypnotique, ce spleen moderne les fait tendre vers un idéal romantique, que perturbent la modernité et le délitement des amours et des amitiés. Ils peuvent ainsi crûment évoquer les rencontres éphémères sur Tinder (Les Fleurs), ou observer avec détachement leur génération se consumer dans la nuit sur la poignante ballade Brûler bruyamment : « Laisse-les lentement / Brûler bruyamment / Reste là gentiment / Attends patiemment ».

Ainsi, Paupière semble invoquer dans leur alchimie musicale et amoureuse une libération, un changement de paradigme. « Aux travers de mes paupières / Je perçois l’univers / D’une autre manière ». Baisser les paupières, dans la danse ou dans l’écoute, c’est ainsi laisser le monde suivre sa course, le laisser être. Et cela pourrait être un mot d’ordre générationnel : fermez les yeux, on voit bien mieux.

Dans « Paupière », il y a « peau » et « pierre », la sensibilité et la dureté. C’est cette singulière alliance que le jeune trio montréalais, composé de Julia Daigle, Eliane Préfontaine et Pierre-Luc Begin, développe sur leur passionnant premier album À jamais privé de réponses, après un EP sorti en 2015.

Chantées à trois voix, ces douze chansons de pop synthétique contiennent ce même genre de césures, multipliant ainsi les possibilités d’interprétation. Ce sous-texte au cœur du texte, qui décompose chaque phrase comme un entomologiste dissèquerait le papillon de la réalité nous fait tout entendre « d’une autre manière » comme ils le chantent sur le titre d’ouverture. Ainsi l’injonction meurtrière « Lâche la détente / Et la balle va loin / Tire au hasard /Ta cible est floue », évoque aussi bien Taxi Girl (Aussi belle qu’une balle) que leur camarade de label, Fishbach, et ses tirs au hasard (Mortel).

Ces petits exercices polysémiques et poétiques, probablement en raison de leurs origines québécoises, font tout le sel et l’originalité des paroles du trio. Sur Rex - premier single et carton radio au Canada - la langueur du chant en français alliée à des rythmes digitaux fait merveille, créant un genre sans équivalent chez nous. La sensualité souterraine de Paupière et le triangle glamour et flamboyant qu’ils forment sur scène les rapprochent ainsi d’autres montréalais mariant ambiguïté queer et dance-music, comme Marie Davidson, Jef Barbara ou Peter Peter.

Car dans « Paupière », il y a aussi le mot « Pop ». Leur écriture à fleur de peau se met au service de la mélodie : la mélodie et sa répétition, la mélodie et sa remémoration. Les chansons de Paupière sont remplies de ces petites ritournelles acidulées qui tournent et s’ancrent dans les mémoires. Mêlant synth-pop anglaise et chanson francophone, Paupière est aussi un groupe « néoromantique », mais alors vraiment « néo », c’est-à-dire updaté 2017. Si on entend des échos de Human League, Deux ou Depeche Mode, les trois voix entrelacées chantent moins l’hédonisme des années 80 qu’un certain désenchantement contemporain. On n’est pas loin des films de leur compatriote Xavier Dolan, avec qui ils partagent cette vision d’une communauté de destins entre ultra romantisme et désespoir.

Dépassé et magnifié dans une danse hypnotique, ce spleen moderne les fait tendre vers un idéal romantique, que perturbent la modernité et le délitement des amours et des amitiés. Ils peuvent ainsi crûment évoquer les rencontres éphémères sur Tinder (Les Fleurs), ou observer avec détachement leur génération se consumer dans la nuit sur la poignante ballade Brûler bruyamment : « Laisse-les lentement / Brûler bruyamment / Reste là gentiment / Attends patiemment ».

Ainsi, Paupière semble invoquer dans leur alchimie musicale et amoureuse une libération, un changement de paradigme. « Aux travers de mes paupières / Je perçois l’univers / D’une autre manière ». Baisser les paupières, dans la danse ou dans l’écoute, c’est ainsi laisser le monde suivre sa course, le laisser être. Et cela pourrait être un mot d’ordre générationnel : fermez les yeux, on voit bien mieux.